Le barrage de Xayaburi tue le Mékong

Par Éditorial
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1 Décembre 2014

La construction du barrage de Xayaburi au Laos fait peser une menace immédiate sur les moyens de subsistance de 20 millions de Thaïlandais et de 40 millions de Cambodgiens, Laotiens et Vietnamiens. Le barrage est aussi une catastrophe écologique à long terme.

Il a déjà été discuté par beaucoup, protesté et beaucoup discuté, donc cette sombre prédiction de l'avenir n'est (malheureusement) pas un son nouveau. Kraisak Choonhavan, ancien sénateur et président de la commission sénatoriale des relations étrangères, termine Bangkok Post pas de lingettes.

Il écrit: "Le barrage ne répond à aucun critère de l'évaluation de l'impact sur l'environnement internationalement acceptée et certifiée de manière indépendante."

Vous voulez encore plus de clarté ? Kraisak: "Le barrage est largement considéré comme l'un des barrages les plus potentiellement dommageables actuellement en construction dans le monde."

La solidarité fait défaut dans les pays de l'Asean

Les conséquences pour la population des quatre pays du Mékong ont été assez décrites ; ce qui est nouveau dans l'article, c'est qu'il pointe le manque de solidarité dans les pays de l'Asean. La Thaïlande, qui va acheter l'électricité du barrage, et le Laos ignorent les objections du Cambodge et du Vietnam.

Celles-ci sont désastreuses pour le Vietnam en raison de la formation de sédiments dans le delta du Mékong. Selon le Premier ministre vietnamien, 27 % du produit intérieur brut du pays, 90 % des exportations de riz et 60 % des exportations de poisson sont menacés lorsque le barrage sera achevé.

Kraisak énumère les trois principales raisons pour lesquelles le barrage ne devrait pas être construit et la Thaïlande devrait s'abstenir d'acheter l'électricité produite par le barrage, afin que la construction s'arrête.

  1. Le barrage a des implications majeures pour 60 millions de personnes en Thaïlande, au Cambodge, au Laos et au Vietnam, qui dépendent toutes de la pêche sur le Mékong, le fleuve le plus poissonneux du monde. Cela menace les relations de la Thaïlande avec d'autres pays.
  2. Bien que le barrage soit un barrage dit "au fil de l'eau" (sans retenue) avec un effet limité sur l'hydrologie de la rivière, une retenue de plus de 60 kilomètres est créée dans la rivière qui aura une effet permanent sur la migration des poissons et le flux de sédiments.
  3. Le concept d'un barrage dit transparent sans affecter l'écoulement des sédiments et le passage des poissons n'a jamais été appliqué avec succès dans un grand fleuve tropical. Il n'existe pas de solutions reconnues au niveau international et technologiquement éprouvées pour résoudre les effets du barrage sur la migration des poissons et l'écoulement des sédiments.

Le texte ci-dessus n'est qu'une petite partie de l'article approfondi de Kraisak. Si vous souhaitez le lire en entier, consultez : Le barrage de Xayaburi risque de tuer le Mékong.

(Source: Poste de Bangkok, 26 novembre 2014)

photos: Manifestation des habitants de huit provinces contre la construction du barrage. La légende ne dit pas où ni quand les manifestations ont eu lieu.

La solution réside dans les négociations

Dans un article de suivi, Kraisak souligne que la Thaïlande est le seul des quatre pays du Mékong à pouvoir retenir le barrage en ne coupant pas l'hydroélectricité. Il n'y a pas d'autres options, car la Commission du Mékong, un organe intergouvernemental des quatre pays, est un tigre de papier. Et le grand monstre aquatique chinois renforce son emprise sur les pays de l'Asean.

Selon Kraisak, dans des conditions politiques démocratiques normales, il n'y a aucune chance que la Thaïlande bloque la construction, car cela sent la corruption et l'influence politique. Un exemple : qui a ordonné à la Thai Ex-Im Bank d'émettre une garantie ? Sans cette garantie, les quatre grandes banques commerciales thaïlandaises n'auraient jamais financé le projet à hauteur de 80 milliards de bahts.

Kraisak fonde ses espoirs sur le gouvernement réformiste formé par l'armée et pointe deux poursuites judiciaires devant le tribunal administratif. S'ils se déroulent bien, la construction devra être arrêtée et l'ensemble du projet s'effondrera probablement.

La meilleure solution, en revanche, est lorsque la résiliation du projet est négociée, les investisseurs et les prêteurs subissant des pertes gérables. Ils pourraient être compensés par des projets hydro-énergétiques durables dans les affluents du Mékong. De cette façon, l'écosystème du fleuve principal ne sera pas endommagé et les moyens de subsistance de 60 millions de personnes ne seront pas menacés.

(Source: Bangkok Post, 27 novembre 2014)

Cliquez ici pour l'article de suivi.

5 réponses à “Le barrage de Xayaburi tue le Mékong”

  1. Marquez dit

    Il existe une organisation internationale ayant pour objectif le développement durable du bassin du Mékong : la Commission du fleuve Mékong (MRC). Site Internet: http://www.mrcmekong.org/

    L'impact (ou l'absence d'impact ?) du MRC sur la politique fluviale et la gestion des États frontaliers du Mékong est une histoire en soi.

    Des contributions ont été apportées à des projets de CRM à partir des pays bas. Je crois me souvenir d'un soutien technique, humain et financier pour la cartographie analogique du bassin du Mékong (y compris sondages, mesures) et pour le développement d'un modèle numérique du fleuve. Très utile car il permet de simuler les effets des interventions planifiées. C'est un instrument d'objectivation objective des discussions entre pays.

    Donner forme et substance à la gestion fluviale internationale est une question dans laquelle MRC se penche, entre autres, sur le modèle de gestion qui s'est historiquement développé en Europe dans le bassin rhénan :

    http://www.iksr.org/index.php?id=383&L=2&ignoreMobile=1http%3A%2F%2Fwww.iksr.org%2Findex.php

    http://nl.wikipedia.org/wiki/Centrale_Commissie_voor_de_Rijnvaart

  2. HansNL dit

    Les conséquences de la construction du barrage seront une saucisse chinoise pour les investisseurs.
    La Chine paie la construction, la Thaïlande achète l'électricité, le Laos reçoit aussi quelque chose, et la Chine, qui n'a déjà pas une si grande réputation dans le domaine écologique ni ne prête beaucoup d'attention aux conséquences de ses investissements, dirai-je, pour les gens, est à nouveau satisfait du flux d'argent entrant ET de l'influence tactique dans la région.

  3. Guillaume Scheveningen. dit

    « Notre fleuve Mékong » :
    J'ai vu des enregistrements récents sur la BBC de la semaine "à quel point les gouvernements" sont bons pour les Laotiens. Une belle maison construite plus l'électricité et la télé s'ils déménagent.Belle offre, mais comment font ces gens pour se procurer leur poisson, quel que soit leur quotidien. Des ouvertures seraient laissées près du barrage pour permettre à la lotte et aux espèces de poissons plus petits de nager à côté ! Je dois d'abord voir ça. Malheureusement, aucune contribution n'est acceptée, car ce ne sont que des ruraux !
    Thaksin; reviens> lew-lew.
    Guillaume Schevenin…
    [Merci pour votre article promis, Dick] !

  4. Sabine dit

    En espérant et en priant, au sens figuré, que le géant de l'argent chinois ne gagne pas ! Ce serait en effet une catastrophe.

  5. Jean dit

    L'humanité est en train de détruire totalement la terre, l'argent, l'argent et encore l'argent c'est le plus important, pensent messieurs... Laissez ce fleuve tranquille, messieurs.
    Espérons que le cerveau humain commencera à réfléchir sobrement à cette question.
    Priez pour que ce barrage ne vienne jamais !


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